Date de sortie : 1er août 2012 | Label : Abstrakt Reflections
Un album, et Max Paskine
semble rejoindre la tribu des petits français de l'électronique
tortueuse exerçant une certaine fascination outre-Atlantique. Révélé
brusquement par la sortie de son premier long format, UNTTLD, Paskine
s'est pour cela acoquiné avec le netlabel désormais bien installé
de l'Argentin Pablo Benjamin : Abstrakt Reflections. Hébergeant des
musiciens tels que LPF12, Miktek ou le très regretté In A Mindset,
on doit à cette structure la révélation de pointures telles que
VNDL, dont le Gahrena: Paysages Électriques vit le jour sur Hymen
Records, ou de r.roo, que l'on ne présente plus mais dont on vous
reparlera nécessairement sous peu, l'Ukrainien étant à quelques
jours de sortir Mgnovenie sur Tympanik Audio. Le détour étant
mérité, revenons-en au principal intéressé. Paskine est
Marseillais, âgé de moins de 25 ans, et après deux EPs lâche un
premier essai gorgé de promesses.
Commençons par excuser ce
jeu d'escamotage des voyelles auquel se livre le titre de cet objet.
Constat tout à fait personnel que de développer des réactions
proches de l'urticaire face à ces consonnes glorifiées réveillant
le spectre d'entités aussi peu amènes qu'un SBTRKT ou de lointains
MSTRKRFT. Sur ces considérations doucement futiles, précisons que
la musique de Paskine ne souffre en rien d'aussi malheureuses
comparaisons. Elle est sobre et absorbante, palpable et évocatrice.
Cet album cadre parfaitement avec l'esprit d'Abstrakt Reflections,
laissant à penser que le label touche progressivement à une ligne
identitaire solide. L'IDM ici n'est souvent que suggérée, et ses
limbes charbonneuses se parent d'une dimension spacieuse, profonde,
presque terrestre.
Il n'est pas de hasard si le musicien cite Piano Phase de Steve Reich et les oeuvres de chez Raster-noton comme influences. L'album prend comme source les notions de répétition et d'erreur. La structure se pose, s'élève, sévèrement régie, puis c'est le jeu de la déficience et l'entrée en scène du glitch. Comme un paysage lisse qui graduellement s'altèrerait, les pièces de Paskine se modifient au fil des grains de sable qu'il se plait à infiltrer dans ses rouages. Mais la métaphore organique ne s'arrête pas là. UNTTLD prêche l'hégémonie des textures et le travail autour de la consistance sonore est porté aux nues. Vaporeuses, les drums semblent douées d'une grâce propre, les boucles adoptent un grain changeant et lorsque interviennent des cordes, celles-ci sonnent comme des ondes. Chez Paskine, les échos se font fluides et il pleut des aiguilles très douces.
Il n'est pas de hasard si le musicien cite Piano Phase de Steve Reich et les oeuvres de chez Raster-noton comme influences. L'album prend comme source les notions de répétition et d'erreur. La structure se pose, s'élève, sévèrement régie, puis c'est le jeu de la déficience et l'entrée en scène du glitch. Comme un paysage lisse qui graduellement s'altèrerait, les pièces de Paskine se modifient au fil des grains de sable qu'il se plait à infiltrer dans ses rouages. Mais la métaphore organique ne s'arrête pas là. UNTTLD prêche l'hégémonie des textures et le travail autour de la consistance sonore est porté aux nues. Vaporeuses, les drums semblent douées d'une grâce propre, les boucles adoptent un grain changeant et lorsque interviennent des cordes, celles-ci sonnent comme des ondes. Chez Paskine, les échos se font fluides et il pleut des aiguilles très douces.
Au commencement, un loop
entêtant et enjôleur suggère une future montée en puissance.
Qanoun Debut et ses lames de fond brouillées et rampantes représente
pourtant le morceau le plus rythmé du disque. Les méandres prennent
ensuite de l'amplitude, et si l'oreille sautille sur Octo, Struct
l'égare au creux d'un labyrinthe de scintillements. Un premier choc
survient avec Thns, la logique répétitive resserre son étreinte,
laissant une ligne de synthé étrangement mate vous tisser
méthodiquement un canevas de brouillard dans le cerveau. Se
succèdent alors les Ambient Phase I, II et III, soit le coeur de
l'album. Les trois morceaux dépeignent une sorte de houle
magnétique, qui lentement dévoilerait ses nuances, tandis que l'axe
moteur ne cesserait de vibrer. La sublime troisième résonne comme
un bijou de mécanique dont les cliquètements matérialiseraient la
mélodie. Mais le vrai sommet du disque repose sur Qanoun Time. Que
dire de cette tuerie faite de vibrations en forme de poupées russes
et de son divin crescendo (je me comprends). Je ne m'étendrai
davantage, c'est sur l'ondée délicate de Pulse que cette
beauté d'album s'éteint alors.
En analogie avec son
artwork – superbe et génial – UNTTLD représente un très bel
exercice de style. En téléchargement libre sur le site du label, il
ne mériterait d'être ignoré.
Manolito
Encore la preuve pour moi que vous êtes devenus LA référence incontournable en terme de critique musicale concernant la musique électronique et expérimentale ! Des textes passionnés et passionnants, dénués de mauvaise fois et qui donnent une méchante envie d'écouter les disques disséqués !
RépondreSupprimerMerci pour ton commentaire ! Et tant mieux si nos dissections peuvent amener à de fructueuses découvertes.
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