dimanche 23 février 2014

Thee Silver Mt. Zion Memorial Orchestra - Fuck Off Get Free We Pour Light On Everything


Date de sortie : 21 janvier 2014 | Label : Constellation Records

De l’autre côté de l’Atlantique, 2014 s’est ouverte avec un nouvel album – le septième – de Thee Silver Mt. Zion Memorial Orchestra qui, instantanément, est parvenu jusqu’à nous. L’occasion pour certains d’exécuter quelques cabrioles d’allégresse et pour d’autres de porter un intérêt circonspect à la nouvelle. Si les deux premiers albums du détachement en provenance de Godspeed You ! Black Emperor (Efrim Menuck, Sophie Trudeau et Thierry Amar à l’origine, aujourd’hui accompagnés de Jessica Moss et David Payant) ont tendance à mettre beaucoup de monde d’accord quant à leur caractère de chefs-d’œuvre enténébrés et touchés par la grâce – Born Into Trouble As The Sparks Fly Upward tout particulièrement –, les quatre disques qui ont suivi ont étiolé considérablement leur public. Les temps et la musique ont changé et le chant de Menuck, naturellement plaintif, a pris une place inédite dans les productions du groupe. Malgré cela, des albums comme Horses In The Sky ou Kollaps Tradixionales contiennent d’authentiques joyaux. Aujourd’hui, passé la cabriole, c’est au tour de Fuck Off Get Free We Pour Light On Everything.

La première rasade présage l’ivresse. Les 10 minutes de Fuck Off Get Free (For The Island Of Montreal) libèrent les tourbillons, l’urgence, les pirouettes de violons et les paroles portées en étendard. Our ! Dreams ! Are ! All ! Off ! Us ! Until the end ! Malgré l’entrain, la progression ne cache pas son versant lancinant, ce jusqu’à l’auguste 6,45 minute, qui signe le renversement. Le vrombissement des guitares instaure une gravité nouvelle, les voix féminines surplombent le champ de bataille et augurent une toute proche reprise des hostilités.

La suite ne perdra pas cette tension entre complaintes déchirantes et invitations à se perdre en farandoles fiévreuses. Nuancé par quelques redescentes à l’allure de berceuses, le ton est à la saturation et aux turbulences garage. Si du punk coule dans les veines de Silver Mt. Zion, il réside irrévocablement dans cette fébrilité, dans ces secousses et dans les appels à l’insurrection contre ceux qui maintiennent leurs boots contre nos cous (Take Away These Early Grave Blues). Si une barricade n’a que deux côtés, Silver Mt. Zion a depuis longtemps choisi le sien. Pas question d’évoquer leur musique sans s’arrêter sur sa teneur éminemment politique. On peut imaginer que les mouvements de manifestations et de révoltes qui secouent des dizaines de villes et de pays depuis quelques années (Canada, Turquie, Brésil, Venezuela, Thaïlande, Ukraine), leurs causes et leurs répressions ne sont pas pour rien dans la rage et le dégoût du monde qui percent de leurs paroles. All our cities gonna burn, All our bridges gonna snap, All our pennie gonna rot, Lightning roll accross our tracks, All our children gonna die. 

Au delà de la force du sens des mots, la douleur dans la voix d’Efrim Menuck a rarement culminé de façon aussi juste que sur What We Love Was Not Enough. Hymne à la gloire de ceux qui n’ont rien à perdre sinon leur tête et qui rêvent de piétiner les cendres de toutes les oppressions, le morceau est de ces fragments de génie qu'eux seuls savent composer. La batterie rythme la mutinerie, les cordes caressent les cimes, les voix vous ravagent les tripes. Tout le disque n’a pas cette trempe-là mais pendant ces 11 minutes, les limites du sublime furent dépassées, le goût des larmes est salvateur. Kiss it quick and rise again.  


Manolito

3 commentaires:

  1. Je te rejoins. Un bon disque, plein de rage contenue.

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  2. Rien à faire, j'aime pas du tout ce disque, mais je fais parti de ceux qui ont un peu lâché après le second opus...

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