Date de sortie : 29 juillet 2013 | Labels : Riot Season / Les Disques Blasphématoires du Palatin
Difficile de différencier la Part 1 de la Part 2, en revanche il s'agit effectivement de Massacre-Rock qui donne plus d'une fois l'impression que les Trashmen improvisent avec les Dead Kennedys, qu'Acid Mothers Temple force sur le bourbon, qu'Hyckoids délaisse sa verte campagne et ses champs de blé et de maïs pour quelque chose de plus urbain. Ce qui accroche, c'est d'abord le côté sans queue ni tête de ces deux morceaux, leur sens du foutraque bien évidemment très structuré. Si l'on se prend à écouter chaque instrument en faisant abstraction des deux autres, on voit bien à quel point tout cela est très carré. Deviant peut-être mais Inquisitors avant tout. Les lignes de basse donnent le tournis - littéralement - et tapissent le moindre recoin des compositions. La batterie, extrêmement féline, griffe le tempo, provoquant force estafilades et écorchures dans le tissu caoutchouteux que finissent de déliter les attaques régulières de cette guitare singulière, tout à la fois bavarde et ténue. Ici, pas de soli à vingt-cinq doigts mais plutôt un éventail de fulgurances radicales et contondantes qui hypnotisent carrément. Et puis, cette voix toujours, dont on ne sait trop ce qu'elle raconte mais qui persuade. Elle pourrait réciter le bottin qu'on la suivrait tout de même. Tout cela concoure à l'édification d'une belle tranche de rock saignante et sans la moindre once de gras. Tout en nerf et déviances, Massacre-Rock Deviant Inquisitors frappe aussi par sa densité et la cohésion qui l'anime : quoi qu'il fasse, le triangle reste soudé, bien campé sur ses sommets et ses angles. Où qu'ils aillent, ils y vont ensemble. Pas un instrument en avant au détriment des deux autres et tous au service d'une musique sauvage et plombée qui ne cache pas son héritage mais marche à côté, récitant les Tables de la Loi du binaire, se les appropriant pour mieux les décliner à sa manière. Il faut dire aussi qu'il s'agit de leur troisième effort (un No More Invention pourtant bien inventif en 2008 et Manifesto Zero deux ans plus tard), ce qui explique sans doute l'extrême malléabilité de l'ensemble. Les changements de rythmes, les bifurcations et les travers ont beau être nombreux, fluidité et dynamique restent préservées et si la moindre seconde ne laisse augurer celle qui la suit, Gunslingers, par le biais d'une boussole intrinsèque, sait en permanence où il va.
Alors bien sûr, ces deux titres frisent le trop-plein et débordent de partout. En revanche, ils restent en permanence bien arrimés à l'axe principal, fût-il parfaitement sinueux. De quoi désorienter l'auditeur, de quoi l'accrocher aussi complètement. C'est bien ce qui fait de ce disque un indispensable. Un tout petit peu plus d'un quart d'heure peut-être mais avec une telle intensité que l'on ne peut que s'incliner.
Rock'n'roll pas mort !
leoluce
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