Date de sortie : 11 juin 2013 | Label : Seventh Rule Recordings
Le titre éponyme en ouverture. D'abord une stridence, un souffle aigu, bientôt rejoint par une fréquence plus basse et un beat martial et lent. Tout cela se grimpe dessus. Puis une nappe bien saturée et crade vient écraser le tout. Arrive alors la voix, délavée, synthétique, charriant un écho qui rebondit d'un côté à l'autre du morceau. C'est déjà, en l'état, assez saisissant mais quand la guitare (enfin, son substitut) explose, ça devient franchement sidérant. Non pas que l'on soit surpris par la violence de l'ensemble mais plutôt par ce que cache ce pseudonyme. Derrière Author & Punisher, on ne trouve qu’une seule personne : Tristan Shone. Accompagné d’une armada de machines (ingénieur en mécanique, il les a bricolées lui-même) qui lui permettent de déverser à grand fracas tous ses fantômes dans l’oreille de l’auditeur. Il crie, psalmodie et éructe, torture ses claviers pour en extraire une armée d’éléphants furieux, un flot d’ondes au grain extrêmement sale et grossier. Tout seul mais sonnant comme mille. Parfois, la voix quitte ses atours robotiques pour devenir claire et la saturation laisse la place à un piano élégant mais néanmoins inquiet. Ça se passe sur Tame As A Lion ou Pain Myself et la violence joue avec l'apaisement comme un chat avec sa proie. Dans ces moments-là, Women & Children arbore un masque mélancolique qui tranche avec l'intensité désespérée développée partout ailleurs. Parce qu'Author & Punisher ne cherche pas uniquement la destruction consciencieuse des défenses de l'auditeur, il veut aussi l'emmener loin dans sa vision sans concession du monde qui l'entoure. En écoutant ce disque, on ressent non seulement les assauts des ondes saturées et destructrices s'écrasant contre l'épiderme mais aussi les stylets psychiques et dérangés qui pénètrent le cortex en profondeur. L'album s'apréhende ainsi globalement, dans toutes ses dimensions.
Se définissant lui-même comme «an industrial doom and drone metal, one man band», le pedigree d'Author & Punisher ne fait aucun doute. En écoutant ses albums, on foule aux pieds des territoires balisés avant lui par Godflesh, Ministry, Pitchshifter et tout autre groupe de métal industriel, voire les Swans. Toutefois, résumer la musique de Tristan Shone à ces figures tutélaires ne lui rend pas justice et si Women & Children doit se réclamer de quelqu'un ou de quelque chose, c'est avant tout de lui-même. Creusant le même sillon depuis 2005, il n'a cessé de l'affiner, de l'enrichir, de le renforcer pour aboutir aujourd'hui à cet album parfaitement équilibré, tout à la fois brut et travaillé, agressif et apaisé et complètement tourné vers l'auditeur. Incontestablement, sa musique a gagné en richesse, en subtilité et le souffle aseptisé des premiers efforts a disparu au profit d'un supplément de vie qui inonde maintenant tous les morceaux. Alors qu'Author & Punisher donnait l'impression de se planquer derrière ses machines, on a aujourd'hui l'impression qu'elles font partie de lui. Véritables instruments psychologiques, elles l'ont remodelé et avec lui, sa musique, rendant Women & Children magnétique de bout en bout. Son pouvoir de suggestion ainsi décuplé, il se situe bien plus dans le partage que dans la seule démonstration, ce qui fait une sacrée différence. Évoquant les friches industrielles désertées, un amalgame de béton et d'acier, une lande urbaine déshumanisée, les morceaux ne sont évidemment pas des plus guillerets : spartiates, asséchés, véritables petits Terminator psychorigides, ils ont tôt fait de repeindre tous les murs en gris. Des distorsions agressives et aigües d'In Remorse au requiem synthétique de Miles From Home, du massif Fearce au plus éthéré Pain Myself, le disque partage son aliénation et sa vision futuriste désespérée.
Atteignant par moment la noirceur d'un Scorn bien plus porté sur les robots que les sound systems, le même degré d'intransigeance d'un Godflesh sans les guitares mais avec des ersatz très convaincants de celles-ci, Author & Punisher joue avec la densité et la lenteur, construit des drones strictement synthétiques mais néanmoins sinistres et commet un monument de poche atrabilaire et torturé. Ses machines ne rêvent pas de moutons électriques et cachent un ghost bien plus revanchard qu'onirique. Et de la moindre parcelle de plastique et d'acier des instruments abstraits qu'il a érigés, ruissellent des gouttes de hargne et spleen.
Demain, la guerre ?
Se définissant lui-même comme «an industrial doom and drone metal, one man band», le pedigree d'Author & Punisher ne fait aucun doute. En écoutant ses albums, on foule aux pieds des territoires balisés avant lui par Godflesh, Ministry, Pitchshifter et tout autre groupe de métal industriel, voire les Swans. Toutefois, résumer la musique de Tristan Shone à ces figures tutélaires ne lui rend pas justice et si Women & Children doit se réclamer de quelqu'un ou de quelque chose, c'est avant tout de lui-même. Creusant le même sillon depuis 2005, il n'a cessé de l'affiner, de l'enrichir, de le renforcer pour aboutir aujourd'hui à cet album parfaitement équilibré, tout à la fois brut et travaillé, agressif et apaisé et complètement tourné vers l'auditeur. Incontestablement, sa musique a gagné en richesse, en subtilité et le souffle aseptisé des premiers efforts a disparu au profit d'un supplément de vie qui inonde maintenant tous les morceaux. Alors qu'Author & Punisher donnait l'impression de se planquer derrière ses machines, on a aujourd'hui l'impression qu'elles font partie de lui. Véritables instruments psychologiques, elles l'ont remodelé et avec lui, sa musique, rendant Women & Children magnétique de bout en bout. Son pouvoir de suggestion ainsi décuplé, il se situe bien plus dans le partage que dans la seule démonstration, ce qui fait une sacrée différence. Évoquant les friches industrielles désertées, un amalgame de béton et d'acier, une lande urbaine déshumanisée, les morceaux ne sont évidemment pas des plus guillerets : spartiates, asséchés, véritables petits Terminator psychorigides, ils ont tôt fait de repeindre tous les murs en gris. Des distorsions agressives et aigües d'In Remorse au requiem synthétique de Miles From Home, du massif Fearce au plus éthéré Pain Myself, le disque partage son aliénation et sa vision futuriste désespérée.
Atteignant par moment la noirceur d'un Scorn bien plus porté sur les robots que les sound systems, le même degré d'intransigeance d'un Godflesh sans les guitares mais avec des ersatz très convaincants de celles-ci, Author & Punisher joue avec la densité et la lenteur, construit des drones strictement synthétiques mais néanmoins sinistres et commet un monument de poche atrabilaire et torturé. Ses machines ne rêvent pas de moutons électriques et cachent un ghost bien plus revanchard qu'onirique. Et de la moindre parcelle de plastique et d'acier des instruments abstraits qu'il a érigés, ruissellent des gouttes de hargne et spleen.
Demain, la guerre ?
leoluce
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire