Car confronter et détailler nos préférences a demandé un peu
de temps, nous voilà fin janvier avec le dernier bilan de l’année 2013 : un
classement général et relativement concis, 20 disques, qui ont chaque fois
signifié pour plusieurs d’entre nous une expérience brute, vibrante et
nécessairement renouvelée. On ose croire que ça valait le coup d’attendre. Bonne lecture et belles écoutes.
1. Autechre - Exai (Warp)
Jamais tout à fait où on les attend mais jamais non plus tout à fait ailleurs, les maîtres Brown et Booth jouent du cyber-scalpel dans un dédale mouvant de beats épileptiques et de volutes psychotropes, évoquant les soubresauts d'une IA en crise d'identité. Un nouveau chef-d’œuvre exigeant mais pas intello qu'on n'est pas prêt d'épuiser de sitôt.
2. Cindytalk - A Life Is Everywhere (Editions Mego)
Un disque abrasif, mais avant tout à double visage. Tantôt éviscéré à grands coups de bruit blanc orageux ou autres stridences malaisantes, tantôt sujet à quelques moments d’accalmies, certes plus rares, mais bel et bien pertinents. D'un visage à un autre, A Life Is Everywhere est un disque singulier, au sein duquel chaque titre peut s'appréhender d'une manière différente, tant ce qu'ils peuvent narrer semble abstrait, et ouvre les portes à une visualisation très personnelle. Coup de maître.
Le multi-instrumentiste de Skyrider s'éloigne du post-rock ethnique du projet Vieo Abiungo sur cette improbable BO de docu hospitalier, dont le maelstrom de cordes élégiaques et de percussions cristallines change la souffrance en poésie et transcende la condition humaine dans un tourbillon de ferveur et de fatalité mêlées.
3. William Ryan Fritch - The Waiting Room (Lost Tribe Sound)
Le multi-instrumentiste de Skyrider s'éloigne du post-rock ethnique du projet Vieo Abiungo sur cette improbable BO de docu hospitalier, dont le maelstrom de cordes élégiaques et de percussions cristallines change la souffrance en poésie et transcende la condition humaine dans un tourbillon de ferveur et de fatalité mêlées.
4. Jasper TX - An Index Of Failure (Handmade Birds)
De même que Woven Tide de From The Mouth Of The Sun, dont il est la moitié, s’était hissé tout au sommet de notre bilan 2012, nous nous devions d’accorder une place de choix à An Index Of Failure, album de fin qui signe l’aboutissement du projet Jasper TX de Daq Rosenqvist. D’une mélancolie terrassante, traversé de saturations vibrantes et de notes de guitare faiblement égrenées, An Index Of Failure s’inscrit parmi les disques les plus bouleversants de ces douze mois.
5. Greg Haines - Where We Were (Denovali)
Sur le fil entre piano néo-classique et sinuosités électroniques complexes, le quatrième album de Greg Haines en aura surpris plus d’un au tournant. Synthés chatoyants, polyrythmies et kicks étouffés, l’Allemand a étoffé sa musique d’éléments analogiques et percussifs qui l’entraînent vers des territoires neufs. Le résultat, à la fois synthétique et acoustique, est d’une beauté futuriste et désenchantée.
6. Terra Tenebrosa - The Purging (Trust No One)
La horde sauvage des ex Breach emmène le metal dans les contrées les plus malsaines qui soient sur ce deuxième opus sans concession. Cyclonique, sépulcral et vengeur, The Purging convoque l'Antéchrist dans un déferlement d'antimatière faite riffs, de cymbales assourdissantes et de psalmodies grunt impies, assurément la bande-son que l'on entendra au jugement dernier.
7. Boards Of Canada - Tomorrow's Harvest (Warp)
Dernier rejeton d'un duo qu'il est depuis longtemps déjà inutile de présenter, Tomorrow's Harvest n'est pas le meilleur album de Boards Of Canada. Mais il se hisse haut la main sur le podium d'une discographie bien remplie, ce qui est plus qu'honorable après plusieurs années d'attente. Le BoC dernier du nom n'est pas une révolution, ne réinvente en rien le style propre aux deux Écossais. Tant mieux. Il séduit avec toujours autant de facilité de par son accessibilité, ce sens inné de la nostalgie qui semble si évident au premier abord, mais que très peu sont parvenus à imiter.
Quand la black folk ésotérique du Messin Julien Louvet (The Austrasian Goat) rencontre l'ambient tout aussi magnétique du Suédois Carl-Johan Larsgården (A Perfect Friend), ça donne YRSEL et ses sombres rituels drone qui soufflent le chaud et le froid, ode tantôt dévote ou désincarnée aux anciens dieux païens et à leur emprise sur les astres.
L'ovni de l'année nous vient du label Thrill Jockey et il faudrait bien plus de quelques mots pour tenter de circonscrire l'éther cataclysmique de son doom liquéfié, déroulant chœurs de purgatoire, cordes élégiaques et le lyrisme crépusculaire et habité d'un chant soprano à la Joan Baez sur fond de tempêtes martelées et autres bourrasques de bruit blanc.
Si l'on célèbre souvent Denovali pour le spleen vénéneux de ses sorties ambient, n'oublions pas que le label allemand brille avant tout par ses dynamiteurs d'étiquettes aux atmosphères plus électriques. Avec son post-rock aux crescendos d'apocalypse zébré de basses dub, de nuées drone et de chant vocodé, les éruptions solaires de l'Australien Skye Klein sont là pour le rappeler.
8. YRSEL - Abraxas (213 Records / Tuguska)
Quand la black folk ésotérique du Messin Julien Louvet (The Austrasian Goat) rencontre l'ambient tout aussi magnétique du Suédois Carl-Johan Larsgården (A Perfect Friend), ça donne YRSEL et ses sombres rituels drone qui soufflent le chaud et le froid, ode tantôt dévote ou désincarnée aux anciens dieux païens et à leur emprise sur les astres.
9. The Body - Christs, Redeemers (Thrill Jockey)
L'ovni de l'année nous vient du label Thrill Jockey et il faudrait bien plus de quelques mots pour tenter de circonscrire l'éther cataclysmique de son doom liquéfié, déroulant chœurs de purgatoire, cordes élégiaques et le lyrisme crépusculaire et habité d'un chant soprano à la Joan Baez sur fond de tempêtes martelées et autres bourrasques de bruit blanc.
10. Terminal Sound System - A Sun Spinning Backwards (Denovali)
Si l'on célèbre souvent Denovali pour le spleen vénéneux de ses sorties ambient, n'oublions pas que le label allemand brille avant tout par ses dynamiteurs d'étiquettes aux atmosphères plus électriques. Avec son post-rock aux crescendos d'apocalypse zébré de basses dub, de nuées drone et de chant vocodé, les éruptions solaires de l'Australien Skye Klein sont là pour le rappeler.
11. Ben Lukas Boysen - Gravity (Ad Noiseam)
Disque d’hyperespace et de nuit sans fond, l’album de celui qui se faisait appeler Hecq interpelle par sa fibre sensible et charnelle, ses flux olympiens et le tournant orchestral que son auteur opère avec génie. Maelstrom instrumental long et dense, tacheté de turbulences post-rock, Gravity donne corps à des instants d’une rare majesté.
12. Talvihorros - Eaten Alive (Fluid Audio)
Né de sa rencontre et de récits de vie échangés avec Daniel Crossley (fondateur de Fluid Radio), le cinquième album de Ben Chatwin frappe par sa fulgurance. D’un point de vue temporel, le parti pris est brut et bref, tandis que le rendu sonore mêle des arpèges blêmes, des crispations de textures et des drums lourds de sens. Épique et sculptural, Four Walls compte parmi les morceaux les plus foudroyants qu’on ait pu écouter depuis longtemps.
13. Saåad - Orbs and Channels (Hands In The Dark)
Œuvre compact, rêche, dont il peut être ardu de franchir les barrières. Une fois le chemin tout droit tracé, Orbs and Channels n'est plus qu'une évidence : un bijou à savourer en boucle, à fouiller encore et encore dans le simple et unique but de percer les abysses de ce monolithe aux multiples cavités qu'il devient toujours plus fascinant d'explorer.
14. Barn Owl - V (Thrill Jockey)
Le drone sablonneux que sculpte Barn Owl intègre une charge lumineuse qui soulève, emporte et dérègle les sens. Les guitares lancinantes dessinent les contours de coulées de cendre et les bourrasques magnétiques se percent parfois de limpides éclats. Pour ne rien gâcher, leurs lives représentent des expériences extatiques incomparables.
15. Thisquietarmy - Hex Mountains (Denovali)
Sur Hex Mountains, Thisquietarmy cristallise tout ce qui fait sa singularité : l’évidence mélodique, la majesté et le bourdonnement mystique qui conduisent à l’immersion et l’abandon. Tout cela à tel point exacerbé que l’on a de prime abord l’impression d’une coquille vide, d’une musique aux atours si flous que l’on serait bien en peine d’y trouver la moindre prise. Ce n’est évidemment qu’une impression car à la vérité, il n’y a aucune raison de se cramponner à Hex Mountain puisque c’est lui qui nous absorbe.
16. The Heliocentrics - 13 Degrees Of Reality (Now-Again)
Jake Ferguson et Malcolm Catto ouvrent un 13ème œil au jazz psyché avec ce deuxième opus au groove ténébreux qui convoque, de miniatures cinématographiques en interludes drogués (et vice-versa), les patronages d'Axelrod et d'Ennio Morricone, du krautrock et de l'éthio-jazz, des giallos italiens et des polars urbains d'exploitation dans un grand bain de tension syncopée et d'arrangements capiteux.
17. Ontervjabbit - 414 (Kamizdat)
Mutilations analogiques et cyclones numériques ont la part belle sur ce 414 accouché par les deux compères slovènes Neven M. Agalma et Domen Učakar sur la toute jeune structure Kamizdat. Ontervjabbit frappe fort, la sanction est radicale. Une épopée apocalyptique éreintante, schizophrénique au possible, totalement jouissive. Un aller simple en compagnie du démon. Une merveille du genre.
18. OvO - Abisso (Supernatural Cat)
Le frottement du métal sur le métal ou d’une craie neuve sur un tableau noir, ce même noir qui se superpose à l’encore plus noir, les cris aliénés qui hantent une musique ravagée, agglomérant tout un tas de nodules malsains et glauques. Une vibration qui rappelle celle du blues originel quand il s’agit d’exorciser quelque chose, quand la catharsis rode parce qu’il faut bien, à moment donné, expulser. Tout cela et bien plus encore contenu dans cet Abisso industriel et noise, hanté et sournois, saisissant et tout simplement vital.
19. Brou de Noix - 000 (Autoproduction)
Plus d'une quinzaine d'EP synthétisés en une seule entité. Reboot ou consécration, 000 est une flagrante réussite, dont il était difficile de nier l'attente. Une démonstration d’électro décomplexée aux multiples références et aux inspirations libres, qui procure le plus grand bien dans un milieu comme celui-ci, car il est avant toute chose généreux, un brin nihiliste et surtout hypnotisant de franchise. Bravo.
Il s’agit avant tout d’archives dont on est bien content qu’elles puissent voir la lumière du jour. Crépusculaire, angoissé, oppressant, Sketches | #2 sidère. Mais c’est une constante pour Cezary Gapik et c’est, a minima, ce que l’on attend de ce que l’on entend. Mais en plus, par une sorte de mise en abîme dont on peine à saisir le mouvement, on se rend très vite compte que l’on a envie de réécouter ce que l’on connaît déjà au prisme de ce que l’on découvre ici. On écoute et on tente de comprendre et on comprend finalement qu’il n’y a rien à comprendre et que tout a toujours été là.
Witxes continue l’exploration de coordonnées éparses qui, mises bout à bout, constituent un tout cohérent. Pas beaucoup plus loin que Sorcery/Geography qui se tenait déjà aux confins mais tout à côté. A Fabric Of Beliefs est un disque envoûtant auquel on ne peut reprocher qu’une seule chose : prolonger le précédent. Certes, l’effet de surprise ne joue plus mais celui-ci, on le scrute, on le dissèque et on arrive à la même conclusion. Il se trame là-dedans quelque chose qui dépasse la seule musique, un truc mystérieux sur lequel on serait bien en peine de poser le moindre mot. C’est beau, ça accapare et on n’en fera sans doute jamais le tour.
Manolito, Inoui, leoluce & Rabbit
Je retrouve bien classés (BoC, Greg Haines, Jasper TX) ceux que j'ai préférés dans ce registre. Joli top, donc !
RépondreSupprimerEt beh, je découvre à l'instant ton blog et là à peine je lance un morceau, super joli, je pense que je vais squatter un peu ton site! (le morceau étant issu de the waiting room).
RépondreSupprimerHop me le relance, merci!!
Dan
Avec plaisir, sois le bienvenu par chez nous !
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