Date de sortie : 18 novembre 2013 | Label : Tri Angle Records
Ou quand tout espoir de revoir un jour la lumière semble définitivement perdu. Rien de bien étonnant me direz-vous, l'EP est sorti sur le label new-yorkais Tri Angle Records. Désormais accoutumés à prendre de grosses taloches expérimentales, on ne peut s'empêcher d'être tout de même surpris par les productions accouchées par la structure d'outre-Atlantique, et ce, à chaque nouvelle sortie. Preparation EP ne fait pas office d'exception. Olivier Peryman est un jeune artiste néo-zélandais, nomade. Une poignée de sorties depuis 2011, presque toujours sur un label différent. Un désir d'aller voir ailleurs qui se traduit indubitablement dans ce 4 titres pour le moins recherché, et avant tout exceptionnel. Un véritable OVNI. Le genre de disque que l'on va prendre un malin plaisir à détester. Que l'on réécoutera encore et encore, en dépis du fait qu'ici-bas, nous ne sommes absolument pas les bienvenus.
Disponible uniquement au format vinyle, l'EP est tout aussi abstrait, quoi qu'un brin je-m'en-foutiste, sombre et à la fois fascinant que l'artwork qui l'épaule. Un disque pesant, relativement lent. Et surtout contrasté dans son jeu de textures (souvent très appuyées), ce qui donne vie à tout l'univers foutraque de la musique de Fis. Preparation laisse derrière lui une étrange impression : il se tapit dans l'ombre, faisant tout ce qui est en son pouvoir pour rendre l'écoute désagréable et nous faire fuir la queue entre les jambes. Au final, on passe un sale quart d'heure, le visage marqué par tant d'animosité, mais on adore ça. Une expérience singulière qui à n'en pas douter nécessite un sound-system un minimum correct (au casque c'est d'autant plus flippant), en premier lieu pour pouvoir détester au mieux les subs qui vous bouffent le foie à grands coups de bec. Le travail rythmique est monumental, totalement instable, parfois même carrément chaotique si l'on prend l'exemple de CE Visions. Un morceau d'une puissance rare qui clôt l'EP de la plus magnifiquement infecte des manières. Sub-basses de mastodontes, kicks ravageurs, textures en matelas de clous, nappes caverneuses au possible.
Ce qu'il y a de brillant également dans tout ce travail, c'est que chaque titre peut être orphelin. Fis invoque des entités aux formes jusqu'ici jamais dessinées, ni même imaginées. Pourtant, la cohérence est difficile à contredire. Une musique taillée au burin dans un matériau rocheux jonché de ferraille oxydée. C'est cette noirceur inhospitalière qui tisse tout le fil conducteur de l'histoire.
Tout aussi impressionnant qu'il est impossible à étiqueter avec précision, Preparation n'y va pas par quatre chemins. Rien n'est laissé au hasard, et malgré les apparences tout est extrêmement bien soigné. Un disque tatoué au nombre du démon, malaisant, nauséabond et éreintant, mais ô combien pertinent. Fis profitera de votre état léthargique pour mieux vous retourner le cerveau. Impossible de résister à votre bourreau, le syndrome de Stockholm vous guette, on vous aura prévenus.
- inoui -
Extra. merci!
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