Date de sortie : 10 janvier 2012 | Label : 12k
Après quelques albums sur de petits labels et notamment leurs propres structures Moteer et Our Small Ideas, Andrew Hargreaves et Craig Tattersall débarquent en 2009 chez Home Normal, de quoi offrir davantage de visibilité à leurs instrumentaux à la fois mélodiques et texturés, à la croisée de l'ambient, du glitch et de l'acoustique. L'année suivante, avec l'arrivée de Danny Norbury au violoncelle, le duo devient trio et s'ouvre à l'influence remarquable de retenue d'un certain lyrisme post-classique avec l'élégant et versatile The Ballad Of The Eagle, suivi en ce début 2012 par un premier opus pour la prestigieuse écurie 12k de Taylor Deupree, on ne peut mieux adaptée aux compositions aussi aventureuses qu'accessibles de la formation du comté de Manchester.
Car derrière The Boats se dissimule partiellement l'héritage de Hood, groupe séminal au sein duquel Craig Tattersall (tout comme Andrew Johnson son compère de Famous Boyfriend et Remote Viewer) fit ses premières armes du temps des fameux Rustic Houses, Forlorn Valleys et The Cycle Of Days And Seasons coproduits par un certain Matt Elliott. Ainsi, en attendant de retrouver ces boîtes à rythmes aux incursions proches de l'ambient techno sur un court passage de The Ballad For The Girl On The Moon puis sur The Ballad Of Indecision en toute fin d'album, c'est bien la dynamique d'une batterie organique aux claquements presque lo-fi qui rythme par intermittence les trois premiers titres de Ballads Of The Research Department, minimaliste et feutrée certes, parfois même échantillonnée et pliée à la volonté d'une boucle démiurgique mais à la dramaturgie néanmoins bien affirmée.
Et puis, il y a toujours ces voix dont le groupe use avec le même degré de parcimonie, décuplant leur pouvoir d'évocation : celles de Chris Stewart (régulièrement entendue chez les Anglais depuis leur troisième opus Tomorrow Time en 2006), passée au filtre d'un effet quasi psychédélique sur The Ballad Of Failure, et de Mayuko Nakagawa sur The Ballad Of Indecision, pensionnaire quant à elle sous le pseudo Cuushe du label japonais Flau qui avait vu passer le groupe en 2008 avec Faulty Toned Radio, et dont les couplets rêveurs et caressants semblent répondre en bout de parcours à ces imposantes élégies chorales qui ouvraient The Ballad For Achievement, comme si l'auditeur au fil de sa progression en était arrivé à dépasser sa crainte de l'éternité pour toucher du doigt une certaine sérénité.
De la batterie, du chant, des bouts de mélodies mis en avant sans le moindre complexe... autant d'éléments peu habituels pour 12k, et pourtant, avec leur spleen délicat, leur splendeur rêveuse et leur romantisme majestueux, les quatre ballades fleuves qui composent ce nouvel opus aussi ambitieux que son prédécesseur était concis ne dépareillent en rien au côté des Minamo, Illuha ou autre Murralin Lane. Car la durée des titres aidant, de 10 à 12 minutes chacun, la musique de The Boats se fait ici plus immersive que jamais, évoluant progressivement pour distiller ses bribes de mélancolie acoustique, d'accords de piano impressionnistes en riffs de guitare solaires, de percussions scintillantes en arrangements de cordes poignants et de bois flâneurs en contrebasse ronde, au rythme de ces mystérieuses marées de drones analogiques et de grésillements balayés par le vent. Laissant en somme à l'auditeur tout l'espace nécessaire pour en arpenter les courants à son gré, à la recherche d'espoir et de réconfort dans le Savoir.
Un savoir qui pourrait finalement se résumer à faire rimer quelques notions trop souvent antagonistes : complexité avec spontanéité, liberté avec espace, tristesse avec chaleur et naturel avec souplesse, dans cette façon de se lover dans le creux des contraintes, tout un art hérité du jazz et de ces groupes pionniers qui surent faire du silence un élément à part entière de leur musique, de Talk Talk à Labradford en passant, évidemment, par Hood. Un piédestal devenu aujourd'hui bien étroit sous l'influence de labels tels que Room40, Kranky, Hibernate et bien d'autres mais qui devra, forcément, faire un peu de place à The Boats, auteurs de l'un des grands incontournables de ce début d'année.
Car derrière The Boats se dissimule partiellement l'héritage de Hood, groupe séminal au sein duquel Craig Tattersall (tout comme Andrew Johnson son compère de Famous Boyfriend et Remote Viewer) fit ses premières armes du temps des fameux Rustic Houses, Forlorn Valleys et The Cycle Of Days And Seasons coproduits par un certain Matt Elliott. Ainsi, en attendant de retrouver ces boîtes à rythmes aux incursions proches de l'ambient techno sur un court passage de The Ballad For The Girl On The Moon puis sur The Ballad Of Indecision en toute fin d'album, c'est bien la dynamique d'une batterie organique aux claquements presque lo-fi qui rythme par intermittence les trois premiers titres de Ballads Of The Research Department, minimaliste et feutrée certes, parfois même échantillonnée et pliée à la volonté d'une boucle démiurgique mais à la dramaturgie néanmoins bien affirmée.
Et puis, il y a toujours ces voix dont le groupe use avec le même degré de parcimonie, décuplant leur pouvoir d'évocation : celles de Chris Stewart (régulièrement entendue chez les Anglais depuis leur troisième opus Tomorrow Time en 2006), passée au filtre d'un effet quasi psychédélique sur The Ballad Of Failure, et de Mayuko Nakagawa sur The Ballad Of Indecision, pensionnaire quant à elle sous le pseudo Cuushe du label japonais Flau qui avait vu passer le groupe en 2008 avec Faulty Toned Radio, et dont les couplets rêveurs et caressants semblent répondre en bout de parcours à ces imposantes élégies chorales qui ouvraient The Ballad For Achievement, comme si l'auditeur au fil de sa progression en était arrivé à dépasser sa crainte de l'éternité pour toucher du doigt une certaine sérénité.
De la batterie, du chant, des bouts de mélodies mis en avant sans le moindre complexe... autant d'éléments peu habituels pour 12k, et pourtant, avec leur spleen délicat, leur splendeur rêveuse et leur romantisme majestueux, les quatre ballades fleuves qui composent ce nouvel opus aussi ambitieux que son prédécesseur était concis ne dépareillent en rien au côté des Minamo, Illuha ou autre Murralin Lane. Car la durée des titres aidant, de 10 à 12 minutes chacun, la musique de The Boats se fait ici plus immersive que jamais, évoluant progressivement pour distiller ses bribes de mélancolie acoustique, d'accords de piano impressionnistes en riffs de guitare solaires, de percussions scintillantes en arrangements de cordes poignants et de bois flâneurs en contrebasse ronde, au rythme de ces mystérieuses marées de drones analogiques et de grésillements balayés par le vent. Laissant en somme à l'auditeur tout l'espace nécessaire pour en arpenter les courants à son gré, à la recherche d'espoir et de réconfort dans le Savoir.
Un savoir qui pourrait finalement se résumer à faire rimer quelques notions trop souvent antagonistes : complexité avec spontanéité, liberté avec espace, tristesse avec chaleur et naturel avec souplesse, dans cette façon de se lover dans le creux des contraintes, tout un art hérité du jazz et de ces groupes pionniers qui surent faire du silence un élément à part entière de leur musique, de Talk Talk à Labradford en passant, évidemment, par Hood. Un piédestal devenu aujourd'hui bien étroit sous l'influence de labels tels que Room40, Kranky, Hibernate et bien d'autres mais qui devra, forcément, faire un peu de place à The Boats, auteurs de l'un des grands incontournables de ce début d'année.
Rabbit
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