Date de sortie : 2 mars 2012 | Label : Karlrecords
Après l'Italien afarOne en février et l'IDM post-classique de son excellent Lucen aux allures de Murcof midtempo (en écoute ici), on gardait une oreille pointée vers Hambourg et son rare mais précieux label Karlrecords - notamment distributeur européen en 2008 du fabuleux Lodge, collaboration drum & bass aux effluves dub-jazz entre Fanu et Bill Laswell parue chez Ohm Resistance. Bien nous en a pris, car malgré leur parcimonie coutumière, il n'aura pas fallu un mois aux Allemands pour nous dégotter le genre de perle drone monolithique et oppressante dont rêvent les admirateurs d'Illusion Of Safety, KTL, Svarte Greiner ou des plus méconnus mais tout aussi imposants Methuselah.
Cet album, The Sum Of Disappearing Sounds, on le doit au Polonais Cezary Gapik, ex punk que certains connaissent peut-être sous le pseudo de Cezar mais dont beaucoup ignorent sans doute la prolificité via Bandcamp, une demi-douzaines de sorties par an depuis 2009, la plupart autoproduites, et quatre fois plus en 12 ans que le label entier en deux fois moins d'années d'existence. Autant dire que ceux qui le découvrent avec ce disque auront du retard à rattraper, à commencer pourquoi pas par cette récente compilation d'archives des débuts, plus courtes mais tout aussi immersives avec leurs éléments plus épurés et dissociés (oscillations électroniques, programmations hypnotiques, drones fantomatiques, percussions machiniques...) ou pourquoi pas The String dont les deux longues pièces tour à tour abrasive et anxiogène offraient l'an dernier les prémices de l'abum qui nous occupe ici.
Après Cabaret Voltaire ou PIL, ce sont donc les pionniers de l'avant-garde acousmatique, du minimalisme électronique et du drone (de Stockhausen à LaMonte Young en passant par Phill Niblock ou Eliane Radigue à laquelle rendait récemment hommage l'excellent Keith Fullerton Whitman) puis la découverte de la musique de Scorn qui contribuèrent à façonner la prédilection de Cezar pour les chapes de textures grouillantes, les discordances fuligineuses et autres pulsations pesantes, une inspiration dark ambient d'obédience post-industrielle et néanmoins profondément organique qu'il explore également avec son compère du collectif Sub Spa, Bartłomiej Kuźniak, au sein de QG/GQ.
Voilà pour les présentations, venons-en à la bête. Il semblerait à en juger par Uncertainty qu'elle se nourrisse de glitchs, de field recordings et d'instruments préparés, méconnaissables une fois engloutis par ses puissants sucs gastriques. Mais à vrai dire, à partir du flippant The Gradual Loss Of Elasticity avec ses faux-airs de Ligeti post-apocalyptique, on entend surtout le bruit du métal qui corrode en accéléré, cette matière qui saigne sur la pochette, se tord d'une douleur sourde sur un Idiomat aussi menaçant que plombé et dont les longs cris sans timbre ne font que s'amplifier à mesure que les drones sinistres du Polonais font leur office, jusqu'à ce qu'il ne reste plus que l'os sur Still, No Beginning, And..... Without End. Et de l'os de métal, ça ressemble un peu à un synthé de John Carpenter sans la mélodie, le genre de son parfaitement approprié pour accompagner la fin de toutes choses.
Appelez-ça de l'isolationnisme vorace, en référence au terme avancé par Kevin Martin du temps de God ou des premiers Techno Animal, ou du "dépressionnisme abstrait" comme Cezary Gapik aime lui-même à qualifier ses instrumentaux d'une opacité sans fond qui engluent lentement mais sûrement telles d'immenses marées noires toute forme de vie environnante. Mais si une chose est certaine, c'est que vous n'en sortirez pas avec l'envie de manifester de l'amour à votre prochain. On vous aura prévenus...
Cet album, The Sum Of Disappearing Sounds, on le doit au Polonais Cezary Gapik, ex punk que certains connaissent peut-être sous le pseudo de Cezar mais dont beaucoup ignorent sans doute la prolificité via Bandcamp, une demi-douzaines de sorties par an depuis 2009, la plupart autoproduites, et quatre fois plus en 12 ans que le label entier en deux fois moins d'années d'existence. Autant dire que ceux qui le découvrent avec ce disque auront du retard à rattraper, à commencer pourquoi pas par cette récente compilation d'archives des débuts, plus courtes mais tout aussi immersives avec leurs éléments plus épurés et dissociés (oscillations électroniques, programmations hypnotiques, drones fantomatiques, percussions machiniques...) ou pourquoi pas The String dont les deux longues pièces tour à tour abrasive et anxiogène offraient l'an dernier les prémices de l'abum qui nous occupe ici.
Après Cabaret Voltaire ou PIL, ce sont donc les pionniers de l'avant-garde acousmatique, du minimalisme électronique et du drone (de Stockhausen à LaMonte Young en passant par Phill Niblock ou Eliane Radigue à laquelle rendait récemment hommage l'excellent Keith Fullerton Whitman) puis la découverte de la musique de Scorn qui contribuèrent à façonner la prédilection de Cezar pour les chapes de textures grouillantes, les discordances fuligineuses et autres pulsations pesantes, une inspiration dark ambient d'obédience post-industrielle et néanmoins profondément organique qu'il explore également avec son compère du collectif Sub Spa, Bartłomiej Kuźniak, au sein de QG/GQ.
Voilà pour les présentations, venons-en à la bête. Il semblerait à en juger par Uncertainty qu'elle se nourrisse de glitchs, de field recordings et d'instruments préparés, méconnaissables une fois engloutis par ses puissants sucs gastriques. Mais à vrai dire, à partir du flippant The Gradual Loss Of Elasticity avec ses faux-airs de Ligeti post-apocalyptique, on entend surtout le bruit du métal qui corrode en accéléré, cette matière qui saigne sur la pochette, se tord d'une douleur sourde sur un Idiomat aussi menaçant que plombé et dont les longs cris sans timbre ne font que s'amplifier à mesure que les drones sinistres du Polonais font leur office, jusqu'à ce qu'il ne reste plus que l'os sur Still, No Beginning, And..... Without End. Et de l'os de métal, ça ressemble un peu à un synthé de John Carpenter sans la mélodie, le genre de son parfaitement approprié pour accompagner la fin de toutes choses.
Appelez-ça de l'isolationnisme vorace, en référence au terme avancé par Kevin Martin du temps de God ou des premiers Techno Animal, ou du "dépressionnisme abstrait" comme Cezary Gapik aime lui-même à qualifier ses instrumentaux d'une opacité sans fond qui engluent lentement mais sûrement telles d'immenses marées noires toute forme de vie environnante. Mais si une chose est certaine, c'est que vous n'en sortirez pas avec l'envie de manifester de l'amour à votre prochain. On vous aura prévenus...
Rabbit
Ci-dessous, de courts extraits des quatre pièces de l'album, dont les durées vont en réalité de 11 à 16 minutes :
L'extrait d'Idiomat fait froid dans le dos!
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