Noise, salement industriel et
abrasif. Complètement bancal aussi. Ce sont en gros les premiers adjectifs qui
affleurent lorsqu'on lit le nom de Jim Coleman sur la pochette de Trees.
Mais on comprend très vite, à peine le disque posé sur la platine, lorsque ses premières mesures emplissent l'espace, qu'il ne subsiste désormais plus
rien du paradigme développé par Cop Shoot Cop. Ce qui n'est pas le
cas de Tod A. par exemple qui a, lui, gardé le goût pour le foutraque et le déglingué avec Firewater.
Non, rien de tout ça ici. L'urgence, le discours au vitriol – parfois lucide,
souvent nihiliste – l'attirance pour le bruit blanc et la sauvagerie sont loin
derrière. Trees en est d'ailleurs un peu l'antithèse. Aux
vignettes cinglantes et barrées de son passé noise comme claviériste des new-yorkais, Jim
Coleman préfère désormais les explorations labyrinthiques ouvertes à tous les vents.
Il continue à parcourir le versant crépusculaire de ses expérimentations ambient débutées pour le cinéma, poursuivies au sein de collaborations multiples (The Children, Baby Zizanie avec le Foetus en chef J. G. Thirlwell, Here...) ou en solo sous le nom de Phylr, en beaucoup moins électronique toutefois. En beaucoup moins daté aussi. Premier album où son nom apparaît enfin au grand jour, Trees n'en demeure pas moins l'œuvre d'un musicien qui traîne derrière lui un itinéraire musical on ne peut plus riche au cours duquel il n'a eu de cesse de muer pour devenir ce qu'il est aujourd'hui. C'est sans doute pour cela qu'il ne se cache plus derrière aucun pseudonyme et qu'il avance seul désormais tant il semble avoir atteint une forme d'équilibre et de plénitude qui lui sied parfaitement.
Il continue à parcourir le versant crépusculaire de ses expérimentations ambient débutées pour le cinéma, poursuivies au sein de collaborations multiples (The Children, Baby Zizanie avec le Foetus en chef J. G. Thirlwell, Here...) ou en solo sous le nom de Phylr, en beaucoup moins électronique toutefois. En beaucoup moins daté aussi. Premier album où son nom apparaît enfin au grand jour, Trees n'en demeure pas moins l'œuvre d'un musicien qui traîne derrière lui un itinéraire musical on ne peut plus riche au cours duquel il n'a eu de cesse de muer pour devenir ce qu'il est aujourd'hui. C'est sans doute pour cela qu'il ne se cache plus derrière aucun pseudonyme et qu'il avance seul désormais tant il semble avoir atteint une forme d'équilibre et de plénitude qui lui sied parfaitement.
Trees s'enracine dès les premières secondes, déploie ses branches feuillues et fournies alors que les fougères, les arbustes et les chênes centenaires envahissent les enceintes et tout ce qui les entoure, la bruyère recouvre les murs, l'herbe pousse sur le carrelage et l'on se retrouve à déambuler pieds nus le long d'un sentier vaguement tracé au milieu d'une forêt dense. Rien ne bouge, rien ne crie, à peine entend-on les gouttes de rosée perler sur nos épaules et s'écouler le long du dos. L'album enferme le cortex dans un cocon végétal dès Sideway et ne le lâche plus. S'ouvrant sur des cordes stridentes et mystérieuses, un violoncelle se charge de maintenir une pulsation lourde et lente, des percussions discrètes soulignent les méandres qu'emprunte le morceau puis subitement, un cor d'harmonie signale que l'on vient de changer de plage.
Place au bourdon solennel d'Under Current, suivi du très contemplatif et anxieux Summer Heat où une voix – un murmure à peine, une vocalise fragile qui dialogue avec les instruments qui la portent – se fait entendre pour la première fois. L'atmosphère devient étrange, le jour agonise et Trees est maintenant inquiétant. On le voit, le climax est mouvant, pourtant les instruments restent les mêmes, mais la manière dont ils s'emboîtent, s'empilent, dialoguent, se rencontrent ou s'évitent amène des visions bien différentes derrière les yeux. Complétement immersif, Trees captive tout du long et l'on sent bien à quel point son expérience de compositeur de scores pour le cinéma ou la télévision a pu modeler la silhouette musicale de Jim Coleman.
Bien sûr, il arrive que l'impact soit moins fort, il me semble par exemple que l'enchaînement Tracks / Dawn / Override en milieu d'album plombe légèrement celui-ci bien qu'au final, les trois morceaux soient indéniablement tout aussi réussis que les autres, en dehors peut-être de leurs mélodies un peu trop appuyées ou évidentes, de leurs accents synthétiques stéréotypés qui rappellent fortement les B.O. d'un Vangelis à certains moments (Override en particulier) mais, à bien y regarder, c'est assez peu comparé à la majesté de l'ensemble. Pour le reste, ses drones cinématographiques aux atmosphères changeantes mais majoritairement ciel de traîne, son bourdon et son spleen omniprésents ensorcellent littéralement.
Il faut dire aussi que Jim Coleman a su bien s'entourer. Ainsi retrouve-t-on Kirsten McCord (collaboratrice de feu Eliott Smith et feu Vic Chesnutt ou encore de Jarboe) derrière le violoncelle grave et profond, Phil Puleo (ancien frère de sauvagerie au sein de Cop Shoot Cop) aux percussions élégantes et variées (et à la flûte aussi), Ellen Fullman à la manipulation d'un long stringed instrument qu'elle a elle-même créé quand Dawn McCarthy (de Faun Fables) prête sa voix sur quelques titres. Bref, pas n'importe qui et encore moins n'importe comment car on ne peut que louer la belle alchimie instrumentale qui règne dans ce disque. Ces morceaux denses et hypnotiques lui doivent beaucoup indéniablement et sans doute a-t-elle permis leur éclosion.
Et le label de promettre une suite "which is based on recordings of individual’s near death experiences". Impatience, impatience !
Place au bourdon solennel d'Under Current, suivi du très contemplatif et anxieux Summer Heat où une voix – un murmure à peine, une vocalise fragile qui dialogue avec les instruments qui la portent – se fait entendre pour la première fois. L'atmosphère devient étrange, le jour agonise et Trees est maintenant inquiétant. On le voit, le climax est mouvant, pourtant les instruments restent les mêmes, mais la manière dont ils s'emboîtent, s'empilent, dialoguent, se rencontrent ou s'évitent amène des visions bien différentes derrière les yeux. Complétement immersif, Trees captive tout du long et l'on sent bien à quel point son expérience de compositeur de scores pour le cinéma ou la télévision a pu modeler la silhouette musicale de Jim Coleman.
Bien sûr, il arrive que l'impact soit moins fort, il me semble par exemple que l'enchaînement Tracks / Dawn / Override en milieu d'album plombe légèrement celui-ci bien qu'au final, les trois morceaux soient indéniablement tout aussi réussis que les autres, en dehors peut-être de leurs mélodies un peu trop appuyées ou évidentes, de leurs accents synthétiques stéréotypés qui rappellent fortement les B.O. d'un Vangelis à certains moments (Override en particulier) mais, à bien y regarder, c'est assez peu comparé à la majesté de l'ensemble. Pour le reste, ses drones cinématographiques aux atmosphères changeantes mais majoritairement ciel de traîne, son bourdon et son spleen omniprésents ensorcellent littéralement.
Il faut dire aussi que Jim Coleman a su bien s'entourer. Ainsi retrouve-t-on Kirsten McCord (collaboratrice de feu Eliott Smith et feu Vic Chesnutt ou encore de Jarboe) derrière le violoncelle grave et profond, Phil Puleo (ancien frère de sauvagerie au sein de Cop Shoot Cop) aux percussions élégantes et variées (et à la flûte aussi), Ellen Fullman à la manipulation d'un long stringed instrument qu'elle a elle-même créé quand Dawn McCarthy (de Faun Fables) prête sa voix sur quelques titres. Bref, pas n'importe qui et encore moins n'importe comment car on ne peut que louer la belle alchimie instrumentale qui règne dans ce disque. Ces morceaux denses et hypnotiques lui doivent beaucoup indéniablement et sans doute a-t-elle permis leur éclosion.
Et le label de promettre une suite "which is based on recordings of individual’s near death experiences". Impatience, impatience !
leoluce
Pour se faire une petite idée de Trees, il suffit simplement de fixer son attention sur les atours solennels qui accompagnent le saxophone légèrement trop bavard de Rain, dernier titre de l'album.
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