Date de sortie : 22 avril 1997 | Label : Domino
Sur le thème "TEEN TITAN - un disque usé jusqu’à la corde étant ado" du Grand Jeu Sans Frontières des Blogueurs Mangeurs de Disques.
Disque ado, tant toisé là-haut sur l'étagère envahie de poussière et de regrets.
Temps à dos, disque usé par nature avant même d'avoir été posé sur la platine puis usé jusqu'au désaccord, BO hardcore d'une post-adolescence aux allures de bal des suicidées.
Le genre de porte ouverte sur soi dont ne revient pas, le genre de disque auquel on ne reviendra plus par peur de se voir recracher au visage toute cette misère, toute cette noirceur phagocytées par la musique de Matt Elliott, réceptacle un peu trop complaisant de nos névroses et de nos frustrations pour ne pas voir en ce Christ auréolé de dédain qui ornait la pochette de You Guys Kill Me, ou derrière la mer d'encre aux huit soleils accusateurs de ce Ghost obsédant qu'on oublie trop souvent au profit des cauchemars urbains de son sinistre successeur, l'ironie de celui qui n'offre un répit à nos âmes que pour mieux les voir se démener avec leur tendance indécente à l'autodestruction.
Temps à dos, disque usé par nature avant même d'avoir été posé sur la platine puis usé jusqu'au désaccord, BO hardcore d'une post-adolescence aux allures de bal des suicidées.
Le genre de porte ouverte sur soi dont ne revient pas, le genre de disque auquel on ne reviendra plus par peur de se voir recracher au visage toute cette misère, toute cette noirceur phagocytées par la musique de Matt Elliott, réceptacle un peu trop complaisant de nos névroses et de nos frustrations pour ne pas voir en ce Christ auréolé de dédain qui ornait la pochette de You Guys Kill Me, ou derrière la mer d'encre aux huit soleils accusateurs de ce Ghost obsédant qu'on oublie trop souvent au profit des cauchemars urbains de son sinistre successeur, l'ironie de celui qui n'offre un répit à nos âmes que pour mieux les voir se démener avec leur tendance indécente à l'autodestruction.
Ces radiations malsaines qu'on devinait déjà sous le bruit blanc gazier de Semtex, l'Anglais n'en est qu'à moitié revenu depuis. Des limbes hantologiques du rédemptoire Little Lost Soul à la fausse nonchalance latine du récent Only Myocardial Infarction Can Break Your Heart qu'une conscience aigüe du dérisoire ne protège pas toujours d'un retour de flamme de ces tourments du cœur lancinants et hantés, la permanence s'est peu à peu muée en un troublant dilettantisme pour ces spectres si longtemps combattus, capitulation d'un commun accord qui marque les limites de la disco du Bristolien depuis la trilogie des Songs. Car à l'époque de Ghost pas question d'arrangement avec soi, pas question de temps de parole généreusement concédé par le sommeil de la raison, les monstres tenaient la tribune et leur géniteur ne demandait pas mieux que de les laisser là, coulés dans leurs microsillons et frappés du sceau de la catharsis.
Purgatoire drum'n'bass pour chorale de damnés, shoegaze lo-fi charriant des milliers de harpies à demi-putréfiées et dont les boîtes à rythmes épileptiques et décharnées servaient de squelette au déferlement de distorsions sordides et d'échardes rouillées, opéra de ténèbres à la gloire de nos douleurs éviscérées, Ghost était donc bien là pour refiler le bébé de Rosemary, le jeter avec l'eau du bain jusqu'à ce que d'autres arpenteurs des égoûts de l'humanité le tirent de sa fange et s'en entichent pour le nourrir au sein de leur dégoût de soi. Ce fut elle, ce fut moi, bien d'autres aussi, sans doute, chacun croyant entendre les démons bourdonnants de l'Anglais lui susurrer à l'oreille leur litanie funeste, chacun les sentant aspirer un peu de son malheur et le scarifier en retour, chacun refermant enfin la boîte de Pandore sur les cendres encore chaudes de ses idéaux sacrifiés.
Un antidote comme un autre au romantisme adolescent qui l'a vu naître et n'y survivra pas.
Un antidote comme un autre au romantisme adolescent qui l'a vu naître et n'y survivra pas.
Rabbit
Connais pas ! Dis donc, c'est plutôt dark l'adolescence ici. Ceux que j'ai lu, à côté de toi, c'était le petite maison dans la prairie !
RépondreSupprimerIl faut dire qu'ici on se demande d'abord si c'est assez dark avant de poster !
RépondreSupprimerValidé, donc ;) Si il me prend l'idée de mettre en commentaire de tous tes articles des liens youtube vers des chansons d'ABBA, c'est donc considéré comme du terrorisme ? ;)
SupprimerVoire une déclaration de guerre. Attention au metal méchant dans les commentaires de ton blog après, auditeur échaudé aux tympans ravagés craint l'eau froide !
SupprimerHello.
RépondreSupprimerConnaissais pas du tout, bordel ta chronique est on fire !!!
Pas franchement ma tasse de thé mais y a quand même un truc qui passe, antidote ou poison j'ai du mal à déterminer... Mais j'ai tenu les 9 mn !
EWG
Super choix, très pointu, pertinent et expérimental !!! Je dois reconnaître que je maîtrise mal sa disco au bonhomme, je connais surtout "You Guys Kill Me" (1998).
RépondreSupprimerMais force est de constater que, malgré l'aridité du propos, c'est époustouflant !!
Bravo pour ton texte très fort et bien écris. J'adore le passage où tu dis : "Purgatoire drum'n'bass pour chorale de damnés, shoegaze lo-fi...." Magnifique, tout à fait le style d'écriture que j’affectionne !!!
A +
Merci à tous les deux ! Une histoire très forte avec You Guys Kill Me et celui-là, ça aide. ;)
RépondreSupprimerJe ne connais pas mais jme lance!
RépondreSupprimerParfois on en revient ! Pour moi ça rimait surtout avec illusions, l'amour de l'idée. Le romantisme "adulte" a ses bons côtés non ?
RépondreSupprimerSuper le groupe de Dark Vador, non c'est juste pour rigoler, mais devant cette musique je suis perdu comme vous devant Génésis. mais cela ne va pas m'empêcher de m'écouter cela, par curiosité, par éveil d'esprit (si mes neurones sont encore capables de s'éveiller).
RépondreSupprimerBeaucoup beaucoup écouté mais pas trop. C'est marrant moi je ne l'ai jamais écouté comme un truc sombre... Trop beau pour être sombre. Je trouve ça lumineux. En même temps je n'ai jamais creusé. Découvert en bibli en même temps que Venetian Snares, Amon Tobin, je ne savais même pas qu'il y avait un lien avec Matt Elliott... J'ai découvert Wiki et les blogs musicaux tardivement, d'où ma difficulté à écrire des chroniques comme les tiennes.
RépondreSupprimerÇa me donne envie de me faire toute la discographie du bonhomme quand j'aurais le temps. Thanks
T'as une drôle d'idée du lumineux quand même Sb ! Little Lost Soul je dis pas, mais de Semtex à You Guys Kill Me c'est quand même dépressif et torturé comme pas deux...
RépondreSupprimerMerci à tous pour les commentaires !
Mélancolique, tragique, poétique quelque part, ça par contre... les hurlements de loup-garou crevant de solitude sur For All The Brothers And Sisters (You Guys Kill Me) m'ont d'ailleurs foutu un coup au coeur plus d'une fois.
RépondreSupprimerOui mais moi je viens de la musique Psychobilly et les loups garous comme les zombies nous faisaient hurler de rire... Écoute In Sickness And In a Health de Demented Are Go... C'est un zombie qui chante. Oui, je sais, je reviens de loin...
SupprimerJ'ai plus écouter You Guys Kill me que Ghost... Évidemment, tu as raison... De même, avant de voir le film Requiem for a Dream je ne trouvais pas la musique sombre mais très agréable pour bosser, simplement belle et lumineuse... Le film n'est pas spécialement joyeux et lumineux, c'est certain.
RépondreSupprimerPour moi sombre c'était This Mind is a terrible thing to taste de Ministry... et encore je trouvais ça marrant de commencer avec ça à fond le matin au ptit déj. (en colocation avec un pote... On la fait un paquet de fois au ptit dej)
Bah c'est bien, Ministry, mais vachement moins glaçant quand même. Sinon pareil, You Guys Kill Me avant tout autre pour moi aussi, du coup c'était frustrant de toujours le savoir éclipsé celui-là.
SupprimerÇa fout un peu les chocottes ton truc-là !
RépondreSupprimerCertes !
RépondreSupprimerHey c'est excellent ça. Dans les années 90 j'ai hiberné un moment, finalement je vois qu'il s'est passé des trucs quand même. Tout à fait dans le trip romantisme ado mais va savoir ça me plait toujours. Je viens aussi un peu du psychobilly comme Sb mais surtout de la cold-wave / dark-wave et là je suis comme un poisson mort dans un bain d'huile de vidange. Je me régale. La musique sans les images c'est presque dommage.
RépondreSupprimerMerci pour la découverte. Désolé pour le retard.
Je me suis éveillé à la musique dans les 90s donc forcément ça reste ma décennie de prédilection ! Les indie de chevet (Spaklehorse, Grandaddy, Mercury Rev, etc), les aventuriers du post-rock lorsque le "post" voulait encore dire quelque chose (Tortoise, Labradford, The For Carnation, etc), les grandes heures du trip-hop (là aussi, du temps où le terme servait d'étiquette à l'indéfinissable), tout ces labels cultes aussi bien en électro (Warp) qu'en hip-hop (Anticon) ou en rock aventureux (Drag City, Thrill Jockey, Domino... ce dernier plus dispensable aujourd'hui), les guitares poussées dans leurs derniers retranchements par les doux furieux du shoegaze (Flying Saucer Attack, miam), les racines de l'IDM, du glitch, de l'ambient moderne... bref on pourrait y passer des heures !
SupprimerDu coup je viens de tous les mettre dans ma bibli Deezer pour plus tard.
RépondreSupprimerIl faut !
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