mardi 26 novembre 2013

2013 au tamis : Sundrugs - Hidden Scenes


Date de sortie : 25 avril 2013 | Label : BLWBCK

Le temps, pire ennemi du chroniqueur qui oblige à laisser dans l'ombre des dizaines de grands disques dont l'aura continue pourtant d'irriguer nos synapses à l'approche des bilans. Dans un format plus concis que celui des chroniques habituelles du blog, cette série de rattrapages reviendra ainsi régulièrement sur ces laissés-pour-compte qu'un certain recul nous permet désormais de commenter sereinement.


Sur le thème "SUGAR SUGAR - une oeuvre narcotique, le type de drogue n'a pas d'importance" du Grand Jeu Sans Frontières des Blogueurs Mangeurs de Disques - première partie.


Quand on se rétame la rétine aux radiations solaires, pas étonnant de tout voir à travers un voile de vapeur. Recrue séraphique de BLWBCK, les substances tout à fait licites proposées à la consommation libre et gratuite par Sundrugs sur cet album inaugural tranchent avec certains psychotropes aux effets plus dévastateurs couchés sur cassettes cette année par les sculpteurs de fantasmagories du label toulousain - au rang desquels Saåad qui souligne ici If You Call That Living d'un trait d'ésotérisme opaque. De là à dire après Undermathic qu'on est accro aux Polonais qui planent, il n'y a qu'un pas dans la poudreuse, mais cette fois, loin du maelstrom électronique maximaliste, c'est l'épure des drones éthérés qui préside aux pures sensations texturées de ces scènes cachées aux allures de souvenirs camés.

Chargé en drogues douces, l'esprit embué erre de rêveries en regrets, entre euphorie de la contemplation et euthanasie de la perception, mélancolie et nostalgie étroitement intriquées infusant ces réfractions de la mémoire abandonnée à la prison de ses propres reflets. La résignation guette, et pourtant un certain romantisme ne cesse d'irradier de ce jeu d'ombres familières, moteur des mélodies en slow motion suspendues à l'intersection de l'espoir et de la dépression, de l'apesanteur et de l'apesanti, conscient que ce remake mental même copieusement arrosé de chimie n'aura jamais tout à fait la saveur de la réalité manquée.

Rabbit

14 commentaires:

  1. (et aujourd'hui ce sera double programme, à ce soir pour la suite !)

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  2. J'ai toujours un peu peur d'être enfumé avec ce genre de musique mais à priori là ça sonne pas mal... Encore un disque que j'avais raté, merci pour le rattrapage.

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    1. Mais de rien ! Pas mon préféré du label cette année ceci dit (il y a eu du gros avec Stitched Vision, Saåad, Vampire Slayer, y0t0, ou même Postdrome dans un esprit plus proche de ce Sundrugs) mais avec un nom pareil difficile d'y échapper.

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  3. Cette musique, clairement, ne me correspond pas, j'aurai du mal à m'exprimer là-dessus.
    J'aime les chroniques "concises" comme tu dis où chaque mot a son importance, et là je plane rien qu'à te lire ...
    Objectif atteint!
    EWG

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    1. J'ai un peu forcé sur les Frosties ce matin !

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    2. Si c'est pour le bien de l'art le sacrifice est parfois nécessaire.
      Fais gaffe à l'overdose quand même.

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  4. J'aime bien ! Peut être que sur la durée je m'en lasserai, mais là ça passe, en ambiance. Le problème c'est que je ne conçois pas la musique comme un truc qui peut juste passer en fond. Je veux dire, sur le papier l'ambient c'est génial, musique fonctionnelle toussa, mais quand j'écoute, je m'ennuie en général. Ca ne passe pas encore pour moi, sans doute dommage, j'aime pas me priver de bonnes choses.
    Mais pour en revenir précisément à ton post et pas au genre musical, sur le moment de l'écoute, ça passe très bien, ceci dit. Mais sur une courte durée (1 ou 2 morceaux me suffisent)

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    1. Ah mais justement - et paradoxalement quand on remonte aux origines du genre - l'ambient au sens moderne n'est pas du tout une musique que l'on peut véritablement apprécier en la jouant en fond sonore. Pour moi l'ambient moderne a pris la suite du post-rock (on le sent bien avec tous ces groupes comme Labradford, Windy & Carl ou Hammock passés du post-rock à l'ambient le plus naturellement du monde) et en cela c'est peut-être le type de musique qui demande le plus d'attention et d'immersion, révélant quand c'est bien fait une dimension cinématographique, souvent même narrative - avec une forte importance de l'interprétation personnelle des émotions, des titres, des atmosphères et de leur agencement - qui revient quand on écoute que deux morceaux à s'arrêter après la deuxième scène d'un film sans en avoir la vision d'ensemble. Du coup une écoute partielle peut très bien "détendre" un moment dans le cas d'une tel disque plus mélodique qu'expérimental (ce sera par contre une autre paire de manches avec ces albums plus radicaux qui sont légion dans le drone) mais te fait passer à côté de la véritable expérience d'écoute à mon sens. Un peu comme passer du Coltrane à un apéro entre potes, ça sonne peut-être joliment par moments mais tu n'est pas en condition pour vraiment l'apprécier.

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    2. Coltrane à l'apéro! Quelle hérésie. Confondre l'ambient avec de la musique d'aéroport, c'est la faute à Eno... Et encore Eno c'est aussi très immersif et prenant.

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    3. Je vois bien le côté cinématographique de la chose, et le fait que quand on est dedans à fond, c'est bien. Mais le problème, c'est que j'ai l'impression de revivre la même scène à chaque morceau. Du coup, le film m'ennuie sur la fin.

      C'est juste que comme ça ne m'attire pas a priori, je ne fais pas trop d'effort d'écoute, du coup tout se ressemble et je ne saisis pas les nuances. Comme les mecs qui trouvent que le reggae, le dub, le rock fifties, le punk ou le garage c'est toujours le même morceau. Je ne suis pas encore "dedans" si tu vois ce que je veux dire. Et je ne sais pas si j'ai le courage de m'y plonger. Même si je passe à côté de quelque chose assurément.

      Ca me prendra un peu de temps.

      Ca viendra je pense, d'autant qu'avec quelques claviers et machines, j'aime moi même faire ce genre de musique et la réécouter par la suite. Parce que je comprends le script ;)

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  5. Sundrugs - Hidden Scenes. Superbe pochette pour un choix que je ne connais pas.
    D'accord avec toi : l'ambient "moderne" est une suite du Post rock (en mode slow). J'adore Labradford et Windy & Carl. C'est clair que c'est une musique qui demande du temps. Du temps pour prendre sa place, son espace sonore....elle exige paradoxalement un certain état de "concentration", d'attention même si c'est une musique relaxante. Comme les musiques Drone/néo-Classic/Expérimental....C'est un genre idéal quand on pratique la relaxation, méditation et sophrologie (j'ai pratiqué pendant longtemps, testé et approuvé).
    En tout cas, superbe choix et si tu veux le disque que j'ai retenu et chroniqué sur mon blog, "Parallel World" de Far East Family Band, envoie moi ton adresse dropbox si tu as !!
    A +

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    1. Pour la relaxation, je préfère les Field recordings et pour la méditation, le silence (qui n'est jamais parfait heureusement) avec de temps en temps, des cloches, des gong et quelques coups de bois au début évidemment, Tambour à la fin puis quelques sütras chantés en cœur (Hannya Shingyo et Ji-ho.)
      L'ambient pour travailler, c'est parfait pour moi... mais pas pour repasser...

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