samedi 30 novembre 2013

2013 au tamis : Chelsea Wolfe - Pain Is Beauty


Date de sortie : 3 septembre 2013 | Label : Sargent House

Le temps, pire ennemi du chroniqueur disait-on, puisqu'il nous oblige à faire court quand on aimerait laisser la passion déborder. C'est un peu la même chose pour les remerciements que l'on se doit bien d'adresser aux nombreux curieux du Grand Jeu des Blogueurs qui ont bravé la noirceur de nos propositions et témoigné de leur intérêt pour toutes ces musiques singulières d'aujourd'hui et d'hier.


Sur le thème "FASTER PUSSYCAT KILL KILL ! - des filles qui en ont..." du Grand Jeu Sans Frontières des Blogueurs Mangeurs de Disques - troisième et dernière partie.


Du temps, il m'en aura fallu, sans parler des cautions très underground des goths dans l'âme Babalith et Foie Gras tout entiers voués à sa pop du côté obscur, pour que je finisse par laisser sa chance à Chelsea. La faute à ce retour de flamme darkwave, racolant depuis quelques années à coups de grosses ficelles glamour et maniérées, auquel j'avais malencontreusement associé dans mon cerveau bourré d'a priori l'ensorceleuse californienne dès l'encapuchonné The Grime And The Glow. Un album encore un peu vert (tiens donc ?), lo-fi et mal cadré mais dont le post-punk écorché et le folklore dark habité distillaient déjà, entre deux complaintes funestes au piano et autres saillies noise hirsutes, ce charme empoisonné qu'aucun oripeau des sombres années 80 ne saurait priver de son originalité.

Car Chelsea est une fille qui en a : en vrac, une marmite et des élixirs, des grimoires à ne plus savoir qu'en faire, un autel élevé aux dieux païens d'antan dans sa mansarde à la lisière des bois, un balai et certainement pas pour faire le ménage, des peaux de bêtes écorchées selon les rituels anciens et pas pour en tailler des bikinis façon Raquel Welch - la dame étant plutôt du genre à nous fixer, hagarde et mal peignée, de ses yeux révulsés voire même inexistants comme sur la pochette de l'intense et troublant Apokalypsis - mais plutôt des tambours pour envoyer à la guerre ses armées de lutins protecteurs des forêts. Des claviers doomesques et des guitares plombées, des sortilèges enfin, plein ses mélodies de tragédienne désabusée sur fond de rythmiques martelées, pour envoûter sans mièvrerie en se jouant des étiquettes qu'on voudrait bien lui accoler.

Une rockeuse, Chelsea Wolfe ? Plus depuis les sérénades acoustiques tourmentées d'Unknown Rooms, et le blues lynchien de Destruction Makes The World Burn Brighter n'y changera rien. Une folkeuse ? Encore raté, n'en déplaise aux cordes grattées de l'entêtant They'll Clap When You're Gone ou du dépouillé Lone. Une sorcière invoquant sur The Warden les spectres de Siouxsie et des Cocteau Twins à se trémousser sur une boîte à rythme cold à souhait et faire pleurer la plus austère des pierre tombales ? On commence à se rapprocher. Mais sous les apparences aujourd'hui mieux peignées d'une production clair-obscure aux contrastes marqués, les mystères de cette musique-là demeurent impénétrables et la voix de Chelsea cet écheveau qui noue et dénoue les destins avec un magnétisme et un lyrisme décuplés.

Rabbit

15 commentaires:

  1. Oula, c'est très pop tout ça, en comparaison avec les précédents posts, on n'est pas loin d'Ob-La-Di Ob-La-Da ! ;)
    Taquinerie à part, je me disais en début de morceau : mince, encore une voix qui va me bloquer. Et rendu à la fin du 1er, je me suis rendu compte que pas du tout au final. J'aime beaucoup ce que j'entends, une jolie découverte, encore une fois. Merci à toi ! ;)

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    1. Oui je crois pouvoir affirmer que c'est ce qu'on proposera de plus pop pour longtemps !.Et merci à toi pour tes retours.

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  2. Je ne sais pas si elle a déjà réalisé d'autres albums mais, sur celui-ci, malgré d'évidentes capacités, je la trouve encore un peu verte, pour reprendre le terme d'un des derniers thèmes.

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    1. Ben mince alors ça sert à quoi que Rabbit il se décarcasse à parler des précédents albums dans sa chronique ? Ahaha.

      Pour moi il n'y a pas eu beaucoup mieux dans le revival post-punk, darkwave et tout ce qui s'en suit depuis... pfiou... jamais.

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  3. Siouxsie, les Cocteau Twins? Oui, je vois bien...la voix est plus Siouxsie quand même...ça me plaît bien.
    Et c'est vrai que ça nous ramène pas mal en arrière quand même!! ;)

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  4. Pas mal, assez pop malgré une esthétique goth que je n'arrive jamais a prendre au sérieux. Peut-être ne faut-il pas d'ailleurs?

    Merci pour votre participation au grand jeu.

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    1. Musicalement son esthétique ne flirte pourtant jamais vraiment avec le folklore du genre, à l'inverse de beaucoup d'autres (et de tant de groupes de l'époque que je n'arrive plus à écouter).

      Merci à toi pour les thèmes !

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  5. Au moins un album que je connais bien pour l'avoir beaucoup écouté... Beau choix... Je n'ai pas encore écouté toute la discographie, il me reste encore Grime... Le mélange des genres et surtout le côté métal en fait pour moi, quelque chose vraiment d'aujourd'hui... Mardi soir, j'ai retrouvé un ami qui portait le t-shirt de Chelsea Wolfe et m'a dit faire ainsi du Lobbiying pour qu'elle passe en concert par chez nous... en noir sur fond noir.

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    1. Merci ! Bien d'accord avec toi, son univers a beau se construire sur des racines bien ancrées chez les corbeaux 80s, son approche de l'électronique voire du doom en font un disque tout à fait actuel sans pour autant verser dans la maniérisme hypé du moment, et d'une richesse assez inouïe.

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  6. Chelsea Wolf : Je connais "Apokalypsis" (son premier LP je crois) avec une pochette très space....celle où elle a les yeux tout blanc.
    Celui-ci, le dernier, je l'ai pas écouté....tiens encore un !! La dame a de la classe...La référence à Lynch est pertinente, on l'imagine assez bien, héroïne divaguant - poupée perdu dans "Inland Empire".....Siouxsie et Cocteau Twins des temps modernes !!!
    A + amigos

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    1. Le second en fait, mais premier qui m'ait vraiment emballé avant celui-là.

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    2. Moi qui croyais que c'était le premier. Et bien, je m'étais bien planté....mais malgré tout, je l'ai bien aimé à l'époque ce disque. Dans le genre darkwave mais en mode electronic, MON album chouchou est sans conteste le first de Fever ray. Celui ci, je l'adoooore vraiment beaucoup....même MON disc Electro best of (toutes tendances confondues) ! Mais la, je m'égare !!
      A + amigos de ma région

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  7. Totalement inconnu pour moi, je plonge car au moins là les références me parlent. merci pour ta participation au jeu, c'était sympa cet éclairage noir !

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    1. Merci à toi pour les commentaires, on remettra ça avec plaisir !

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  8. Elle est jolie... mais faut écouter ! merci !

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