dimanche 20 octobre 2013

2013 au tamis : Architrav - Marode


Date de sortie : 12 janvier 2013 | Label : Halbsicht Tonträger

Le temps, pire ennemi du chroniqueur qui oblige à laisser dans l'ombre des dizaines de grands disques dont l'aura continue pourtant d'irriguer nos synapses à l'approche des bilans. Dans un format plus concis que celui des chroniques habituelles du blog, cette série de rattrapages reviendra ainsi régulièrement sur ces laissés-pour-compte qu'un certain recul nous permet désormais de commenter sereinement.
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On démarre donc avec un disque daté du tout début de ce cru 2013 et qui incarne justement les effets insidieux du temps et son pouvoir de corrosion. Impossible pourtant de trouver la moindre chronique de Marode, troisième opus - et second sur son label Halbsicht - du projet dark ambient de Michael Belletz, plus connu pour ses incursions électroniques en tant que Mnemonic. De cet aspect du travail de l'Allemand, on se souvient surtout de l'élégant Hörsinn dont les beats crunchy et les mélodies de claviers éthérées traînaient en 2010 leur spleen clair-obscur aux confins de l'hypnose et du rêve éveillé, davantage en tout cas que du récent The Air I Breathe qui vit il y a quelques mois ce bel équilibre basculer dans un trop-plein de romantisme et des schémas rythmiques un peu bateaux.

Des maux qui ne risquent pas de guetter Architrav sur ce Marode cryptique à souhait dont les trois pistes-fleuves oscillent entre drone rampant et modern classical déliquescent, autant dire à l'autre bout du spectre de l'IDM aérienne de Mnemonic. Et des spectres, on en croise plus d'un entre les tâtonnements atonals du piano et les crins affligés d'un violoncelle aux partitions cornées et jaunies par le temps, les drones sépulcraux et autres grincements de bois mort ou fields recordings en putréfaction. Car dès le morceau-titre, les conditions sont réunies pour que se déversent des crevasses de cette vieille bâtisse les émanations diffuses de quelque purgatoire à ciel ouvert, ectoplasmes lancinants dont les exhalaisons vocales et le halo radiant nous attirent peu à peu dans cet improbable passage vers l'au-delà.

Rabbit

2 commentaires:

  1. Bonne idée ce retour en arrière, surtout si tous les disques sont de ce niveau.

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    1. Merci, on en a quelques-uns sous le coude qui s'annoncent prometteurs en effet. ;)

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