Date de sortie : 30 septembre 2011 | Label : Room40
Vétéran parmi les vétérans de la scène ambient et expérimentale, l'Australien Paul Gough aka Pimmon, a sévi depuis plus de quinze ans sur de nombreux labels remarquables. The Oansome Orbit est sorti il y a quelques mois sur Room40 (référence en la matière) alors que certains observateurs prédisent un futur rapprochement avec le 12k de Taylor Deupree.
Pimmon a toujours su parer sa musique d'une lumière aveuglante et de spectres envoûtants. Si cette application maintes fois transformée se répète encore aujourd'hui, elle est cette fois-ci enveloppée dans des contours bien plus ténébreux. L'ambivalence et le contraste sont les maîtres mots de cette œuvre époustouflante, oppressante et presque paranoïaque.
Les contours de nappes oniriques emplissent l'espace sonore tandis que de vils oiseaux de mauvais augure tissent leur nid poisseux. Les lacérations digitales, les drones froids et métalliques et des micro-glitchs granuleux viennent sonner le glas de l'inertie d'un territoire aussi vierge que gelé. Le spectacle est désarmant. Derrière les ballets majestueux sur des eaux prisonnières et les atterrissages réussis sur une banquise accueillante au premier plan, une sombre et bouillante émulsion vient craqueler la matière pure et l'engloutir, ne laissant dépasser qu'un faible halo persistant. Ou même parfois, il semble que des sons cristallins soient captifs d'une boîte de Pandore enfouie dans les abysses d'un puits sans fond (Shadow Catch You Tiring).
La première moitié de l’œuvre se joue des spectres, même si les tangentes les plus dark sont les plus immédiates au niveau du ressenti. Sur le morceau qui donne son étrange nom à l'opus, le vertige et le sentiment de perte d'équilibre sont encore là, et malgré son aspect jusqu’au-boutiste, la texture dominante se fait plus rassurante et plus claire. Le superbe et poreux Holding, Never To Be Passed renoue avec la splendeur et les auréoles du Pimmon que nous avons toujours connu. Cet art de donner une dimension quasi-orchestrale à une musique de laptop. Entrevue de courte durée puisque le non moins superbe (et imprononçable) Düülbludgers et son orée enchanteresse cède aux sombres mais plus que bienvenues sirènes noise débridées. Bright Light Resist Me et ses crins en fermeture, illustre avec classe toute la combustion de la palette artistique de l'Australien, posant l'âme à même un brasier régénérant et salvateur.
Aux confins de l'ambient sombre et polaire, du drone et du noise, aussi impénétrable que pénétrant, The Oansome Orbit est une des réussites abstraites et expérimentales de l'année passée. Même si elle est réservée à un auditoire plus qu'averti, ses rayons ambigus sont aptes à mettre sur le grill les plus coutumiers du genre. Bouleversant.
Tanganil Nystagmus
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